MALAGASY CULTURE

Une culture unique en son genre

La particularité culturelle de Madagascar réside essentiellement dans le fait que le pays est un lieu où les Bantous d’Afrique orientale et d’Asie du Sud-Est se rencontrent. Les différentes physionomies des différentes tribus de Madagascar ne peuvent pas être négligées. En ce qui concerne le Betsileo et le Merina, l’impact indonésien est clairement visible en raison de leurs yeux en forme d’amande, leur peau brillante et leurs cheveux raides. Quant aux autres tribus, telles que le Tsimihety, le Sakalava et le Bara, leur origine bantoue est reconnaissable grâce à leurs cheveux bouclés et leur peau noire. Le mélange d’éléments africains et indonésiens dans la culture malgache est fascinant.

La culture pastorale ou nomade, caractéristique distincte des Bara, indique leur origine africaine. Le culte de la possession, ou Tromba, du Sakalava est aussi d’origine africaine. Beaucoup de produits agricoles comme le sorgho, les pastèques et les oignons sont originaires d’Afrique. *Les éléments suivants proviennent d’Indonésie : le structure de bâtiment rectangulaire, les rizières en terrasse des Merina et des Betsileo, le pignon, la technique de forge avec son apport d’air par deux cylindres (qu’on peut encore voir à Ambatovaky Ranomafana), les pirogues à balancier de la tribu Vezo, le positionnement de mégalithes de pierre par les Betsileo et les Antanosy, le culte excessif des ancêtres est presque propre à toutes les tribus, ainsi que les sculptures sur les tombes des Sakalava, Antandroy et Mahafaly.* Malgré les différents groupes ethniques à Madagascar, il n’existe qu’une seule langue sur l’île. Les Malgaches appartiennent à la famille linguistique Ma’anyan de l’Indonésie occidentale.

Tabou

Fady est le mot malgache pour tabou. Dans l’usage linguistique indigène, fady est à la fois un adjectif et un substantif. Les fady reposent sur des anecdotes et des récits dont les origines se retrouvent au sein des légendes transmises des temps anciens. Pour la peuplade des Mahafaly, qui vit dans le sud de l‘île, fady est, par exemple, manger des tortues rayonnées. Alors que l’on avait cuit une tortue et, qu’après un certain temps, l’on jeta un coup d’œil dans la casserole, on constata avec effroi que le cœur de l’animal battait toujours. C’est ainsi qu’un fady peut prendre naissance. Le fady va également de paire avec la religion indigène. Aux lieux sacrés, la viande de porc est souvent fady.​ À plusieurs endroits sacrés de Tananarive, les oignons et le sel sont fady.

Dans le village de Ambohimanga, l’ancienne résidence d’été des reines de Tananarive, la viande de porc et la viande de poulet sont fady. Dans la grotte d’Antakarana dans le parc national d’Ankarana, il est fady de parler la langue merina des hautes terres. Selon une croyance indigène, les tombes des Vazimba possèdent des forces magiques et c’est pourquoi on ne peut s’en approcher. Si on le faisait néanmoins, on le paierait de sa vie. Ces lieux ne peuvent pas être profanés et les esprits des ancêtres ne peuvent troublés. Certaines espèces animales et végétales doivent leur survie à des fady, de sorte que les fady contribuent alors à la protection de l’environnement. Aux alentours du parc national de Masoala, il est fady de toucher un caméléon de Parson – cela porte malheur. À la pointe nord de l’île de Madagascar, on ne peut ni tuer ni toucher les caméléons d’Oustalet. C’est pour cette raison que l’on y trouve encore assez souvent cette espèce dans cette région de l’île. Aux lacs sacrés du nord et du nord-ouest de Madagascar, il est fady d’y attraper les crocodiles qui y vivent. Sous le règne du roi Andrianampoinimerina, il était fady de cueillir des feuilles dans la forêt d’Ambohimanga. La forêt entière passait pour être sacrée et, pour cette raison, seules quelques personnes élues pouvaient y entrer. À Masoala, il est interdit de ramener des plantes insectivores dans les villages environnants, car ceci provoquerait une inondation. C’est dans la peuplade des Antaimbahoaka, près de Mananjary dans le sud-est de Madagascar, que l’on trouve un des plus étranges fady de ce pays. Selon un fady en vigueur au niveau local depuis des années, il y est interdit aux mamans de conserver des jumeaux. Les nourrissons doivent être abandonnés dès la naissance. Sinon, ils apporteraient le malheur sur le village. Vu que le taux de gémellité n’est pas plus bas dans cette région qu’ailleurs, le nombre de foyers d’enfants est croissant à Mananjary en raison ce fady bizarre. Toute infraction envers un fady doit être expiée par une offrande. Le genre d’offrande varie de région à région. Cela peut aller du rhum au zébu en passant par de la volaille. La profanation d’une tombe, par exemple, doit être dédommagée par un zébu, étant donné que les tombes sont pour les Malgaches des endroits sacrés. Un fady est de surcroît un symbole d’appartenance à la tribu. Les Antaimoro de la côte du sud-est de Madagascar ne mangent par exemple pas de viande de porc, ce qui est vraisemblablement dû à leur origine arabe. Les Merina des Hautes Terres de Tananarive ne mangent par contre pas de viande caprine. Le fady est ici une tentative de se démarquer culturellement des groupes ethniques. Des mariages interethniques peuvent pareillement échouer en raison de différents fady propres aux deux tribus. Un fady a toutefois également une utilité pédagogique : c’est ainsi que dans de nombreuses tribus c‘est tout simplement fady „de donner un coup de pied dans le mur, car sinon grand-maman pourrait mourir ». Personne ne veut ni que grand-maman meure ni que la maison s’effondre. Un peuple sans fady est dans la conception du monde malgache un peuple décadent. Le fady joue une fonction régulatrice dans la société malgache. Un voyage à Madagascar est un voyage culturel à travers les fady des différents groupes ethniques.

Circoncision

Le rituel de circoncision collective

Chez les « Antambahoaka », un peuple vivant sur la côte sud-est de Madagascar, devenir un homme rime avec circoncision. La cérémonie du « Sambatra » est organisée tous les sept ans à Mananjary et qui pourrait durer jusqu’à trois mois. Comme le veut la tradition, elle devrait avoir lieu un vendredi, jour considéré comme faste par le peuple, et qui obéit à un calendrier agricole traditionnel : l’année de vendredi qui ne revient qu’une fois tous les sept ans. La rénovation de la case royale marque le début du rituel. Puis les pères décorent le faîtage des cases d’une colombe sculptée, symbolisant l’arche de Noé. Les mères, quant à eux, préparent les tenues rouges des garçonnets et les nattes prévues pour cette occasion. Les jeunes vont ensuite puiser de l’eau (à une rivière sacrée) qui serait utilisée plus tard pour laver les plaies des circoncis.

Après cela, direction vers l’embouchure du ‘Canal de Pangalanes’. C’est là que les garçons seront circoncis et recevront la bénédiction du roi.  Et c’est à l’issue de ces rituels qu’ils seront devenus des hommes. A noter que la cérémonie du « Sambatra », comme son nom l’indique, est aussi une occasion pour tout le peuple Antambahoaka de faire la fête dans toute la joie. La prochaine année « Sambatra » aura lieu en 2021.

Possession

Quand les vivants invoquent les esprits des défunts rois

A part la beauté matérielle de la grande île, Madagascar est aussi connue pour ses multitudes de pratiques ancestrales, parmi lesquelles le « Tromba » intéressent plus d’uns. Originaire des pays Sakalava, ce culte de possession se déroule à la lune montante. Il s’agit d’un rituel durant lequel le devin, la plupart des temps une femme, invoque les esprits ou « tromba » des ancêtres royaux qui régnaient jadis dans la partie sud-ouest de l’île. Le rituel débute avec un chant traditionnel suivi des battements des mains au rythme d’un accordéon. Vénéré et honoré, l’esprit ainsi invoqué manifeste sa présence à travers le corps possédé du devin. Problème familial, perte de biens, maladie, mariage… on peut en demander conseil car la fin dernière du Tromba n’est pas juste rituelle, mais aussi curative. Certains chercheurs l’associent en tant que mouvement de résistance à l’importation religieuse coloniale. D’autres le voient comme un rite ancestral visant à maintenir les traditions.

Mais ce rituel se perpétue jusqu’à  nos jours, même si on doit admettre qu’il a perdu sa crédibilité sociale et politique, tout comme le service des « Mpanazary » dans le pays Sihanaka.

Lever du drapeau

La plus grande fête Antakarana

Célébré tous les cinq ans dans le village d’Ambatoharanana, le capital de l’ancien royaume Antakarana (situé dans la partie Nord de l’île), le « Tsanga-tsaina » ou « Tsanga-tsaigny » est une cérémonie traditionnelle visant à raffermir les liens entre les descendants du roi Tsimiharo et de la dynastie Zafimbolafotsy. C’est aussi une occasion pour ces peuples de manifester leur attachement aux traditions Antakarana. La cérémonie se déroule comme suit : Pélerinage et bains royaux à Nosy Mitsio : le roi Antakarana actuel et sa famille se rendent à Nosy Mitsio, dans la grotte sacrée d’Ankarana, là où le roi Tsimiharo refugia lors de l’invasion Merina. Recherche et coupe des bois pour la confection du mât royal : un groupe d’hommes est assigné à trouver deux grands arbres bien droits dans la forêt, lesquels sont destinés à confectionner le mât royal. Une fois fini, on le dresse devant la demeure du roi. Le drapeau : pour cette occasion, un jeune homme est désigné pour fixer un drapeau (saina) royal au sommet du mât qui est enduit de graisse, rendant l’escalade difficile. Son exploit sera ensuite acclamé par la foule et la fête continue. Ces dernières années, le « Tsanga-tsaigny » a pris une dimension plus folklorique, ce qui rend la destination Nord de Madagascar encore plus attrayant pour les touristes.

Musique Malgache

Une musique à multiples genres

Comme tout autre pays où la cérémonie rituelle occupe une grande place dans les mœurs, Madagascar a su conserver un patrimoine musical traditionnel jusqu’à ce jour malgré le test de la modernisation. Actuellement, la Grande île compte environ une vingtaine de genres musicaux traditionnels et authentiques. Dans le nord, on danse au rythme du « Salegy ». C’est même le rythme le plus préféré dans toute l’île, surtout lors des occasions festives. Dans le grand sud, on vous fera voyager dans un monde musical mélancolique digne d’un grand opéra grec, mais avec une influence africaine, le « Beko ». Typique de la partie Ouest de l’île, le « Malesa » se caractérise par un tempo à la fois doux et rythmique. Le ‘Grand Maître Tianjama’ fut le premier ambassadeur et promoteur de ce genre musical.

Et si la partie Est de l’île est incluse dans votre itinéraire de voyage, on vous fera sûrement écouter du « Basesa ». Comme tous les deux autres genres rythmiques cités ci-dessus, le ‘Basesa’ naît de la musique traditionnelle, mais qui s’est récemment adapté aux instruments modernes.  Au centre, contrairement aux régions côtières, la musique à caractère poétique règne. On peut constater que les habitants des plateaux préfèrent mieux le genre musical lyrique et porteur de message à celui avec des rythmes endiablés.

Cuisine malgache

Une riche tradition culinaire à découvrir

A part l’opportunité de découvrir des beaux paysages, un séjour à Madagascar est aussi synonyme d’une découverte de tradition culinaire généreusement diversifiée et spéciale. Aussi bizarre qu’il parait (pour une île à quelques pas du continent africain), et oui, le riz constitue la pierre angulaire de la cuisine malgache. On le sert avec un accompagnement qu’on désigne « laoka ». L’une des variantes de ‘laoka’ les plus convoitées est le « Ravitoto », une recette traditionnelle typiquement Malagasy à base de feuilles de manioc doux pilées, cuit avec de la viande de porc. Servi en sus pour donner un peu de saveur au plat, le Romazava, un bouillon composé de gingembre, de fleurs d’Anamalao et d’Anatsonga, est aussi un délice à savourer. On en sert souvent lors des repas festifs. Sur les places de marchés en brousse, même en bord de route menant vers la destination Nord de Madagascar, vous pourriez sûrement voir des marchands vendre des poissons séchés fumés, fruits exotiques, des achards de mangue, et des colporteurs avec leurs « Koba », etc.

Surtout n’hésitez pas à en acheter si vous avez l’occasion. Vous n’allez pas le regretter. Pour les fins gourmets, surtout les amateurs de recettes Européennes, on vous recommande un plat spécial à base de viande de zébu, le « steak au poivre vert ». Réveillez vos papilles!

Population Malagasy

L’origine de la population malgache

Madagascar est un continent où l’Afrique rencontre l’Asie du sud-est. Bien que des découvertes archéologiques instructives faites dans la baie d’Ampasindava, au nord-ouest de Madagascar, aient révélé clairement une culture africaine bantoue du dixième siècle, les influences culturelles de l’Asie du sud-est dans la société malgache ne peuvent être niées. Les yeux en forme d’amande du peuple Merina, la peuplade de Tananarive et les toits à pignons des maisons traditionnelles révèlent leur origine de l’Asie du sud-est, plus précisément nousantarienne. Les rizières en terrasse, les pirogues à balancier et la culture monolithique sont autant d’éléments culturels de l’Asie du sud-est, qui ont été introduits à Madagascar par des immigrants. La langue est également un élément important d’une culture. Le malgache (ou malagasy) est apparenté avec le ma´anyan, le dialecte du sud-ouest de Bornéo. D’autre part, le malgache contient également des apports malais et bantous ou swahilis. Le vocabulaire de base du malgache se classe toutefois dans la famille du malais.

On est tenté de se poser la question de savoir comment et pourquoi l’austronésien est arrivé à Madagascar. La voie commerciale entre la mer Rouge et l’océan Indien était connue depuis le troisième siècle après Jésus-Christ. On peut supposer que les Austronésiens ont à cette époque essayé de développer le commerce. Ce faisant, ils cherchaient notamment des épices. C’est pour cette raison qu’ils ont jeté l’ancre dans le sud de l’Inde et ensuite au large de Madagascar, étant donné que ces régions étaient connues pour leurs épices.

Certains historiens prétendent toutefois que l’arrivée des Austronésiens ne serait due qu’au hasard. Des sources historiques arabes parlent d’une attaque de pirogues à balancier indonésiennes contre la côte sud-est de l’Afrique au 10è siècle. C’est ainsi que l’historien arabe Al Idrisi (1154) décrit le peuple des Wak-Wak. Le mot Wak-Wak pourrait être une ancienne forme du mot malgache « Vahoaka », ce qui signifie « peuple ».  Vu que les Wak-Wak ont été vaincus par les natifs lors de leur attaque, ils ont dû alors s’enfuir vers les îles des Comores qui font partie de la région de Madagascar. Grâce à leurs solides connaissances en navigation, les Wak-Wak ont pu faire voile entre la terre ferme et les îles. À cet effet, ils furent aidés par les alternances des vents de la mousson dans l’océan indien. Il y a 2000 ans déjà, on savait que, selon les saisons, les vents de la mousson de l’océan indien pouvaient être utilisés pour faire voile entre l’Inde et la mer Rouge.

Une autre thèse dépeint l’arrivée des Austronésiens en deux escales. La première escale a eu lieu dans le sud de l’Inde. Il y avait déjà des relations entre le sud de l’Inde et l’ouest de l’Indonésie depuis le quatrième siècle. Les souverains indonésiens de cette époque se sont inspirés de la religion hindouiste; c’est ainsi que des enseignants de l’hindouisme faisaient fonction de conseillers auprès des rois indonésiens. Quand on avait atteint le sud de l’Inde, on avait déjà effectué la moitié du trajet entre l’ouest de l’Indonésie et Madagascar. La seconde escale s’était accomplie sur la côte orientale de l’Afrique. Les émigrants indonésiens se sont d’abord mêlés aux Bantous locaux et ont ensuite fait route vers Madagascar. Grâce à leur longue tradition de marins, la traversée ne représentait aucun obstacle pour eux et des traversées de reconnaissance purent être exécutées.

L’historien néerlandais Van der Stel est parti sur les traces des immigrants malais dans la baie d’Atongil. Selon son rapport, il existait au 10è et 11è siècles une relation maritime directe entre l’Asie du sud-est et Madagascar sans escale en Afrique orientale. La baie d’Atongil et la ville de Maroantsetra à la côte sud-est de Madagascar présentent des éléments malais dont l’origine remonte à des immigrants de l’Asie du sud-est. La propagation des nouveaux arrivants fut à cette époque ressentie par les natifs comme une menace. Les immigrants malais furent chassés de Maroantsetra par la population locale et durent s’enfuir vers l’intérieur des terres. Dans son célèbre livre « Histoire de la Grande Isle Madagascar » (1656), Étienne de Flacourt décrit des petites communautés qui auraient peuplé Madagascar avant notre ère.

Des communautés juives dont l’arrivée à Madagascar a eu lieu au plus tôt au 8è siècle avant Jésus Christ y ont notamment été citées. Il s’agit ici des colonies de la communauté d’Idumea, issues de régions situées le long de la mer Rouge. Sainte-Marie et Fénérive-Est feraient parties des plus anciennes implantations juives à Madagascar. Il est intéressant de savoir que Sainte-Marie se dit Boraha dans le langage natif de l’île et que Boraha pourrait provenir du mot biblique Abraham. Le mouvement religieux tout récemment fondé, portant le nom de Communauté juive hébraïque messianique de Tananarive atteste l’authenticité de cette thèse. Dans un document du Reich, on retrouve mille ans plus tard et pendant le Troisième Reich le souhait du Leader de déporter les Juifs à Madagascar.

La côte est de Madagascar, de Vohémar à Taolagnaro, a été fréquemment visitée par des commerçants arabes du 9è au 15è siècle. Des sunnites, des ismaélites et des zaydites ont fondé des comptoirs commerciaux dans cette région. Sur ces entrefaites, ils tentèrent de répandre la religion islamique. L’expansion de la littérature islamique a favorisé la découverte du papier.

 C’est dans ce but que le papier Antaimoro a été fabriqué à partir de l’écorce de l’avoha. Dans la culture de la tribu des Antaimoro, on ne peut nier une empreinte arabique ou islamique. C’est ainsi que des noms comme Said, Mosa et Ali sont fréquents. La viande de porc est actuellement toujours fady dans ces groupes ethniques. Tant les marchands arabes que les rois de la monarchie Merina pratiquèrent le commerce d’esclaves. Des hommes bantous de la côte est de l’Afrique furent faits prisonniers et emmenés dans des bateaux vers Madagascar. La monarchie malgache abolit l’esclavage au 19è siècle. Certains des captifs restèrent sur la côte occidentale de Madagascar et y fondèrent des familles avec des femmes locales.

Sous le règne de l’empereur chinois Tcheng Tsou, une expédition vers Madagascar fut organisée entre 1405 et 1433. Quelques-uns des bateaux de cette expédition sous le commandement de Tchen Ho accostèrent la pointe sud de Madagascar. La côte orientale de Madagascar est dans son ensemble toujours empreinte de ces colonies chinoises dont les habitants jouent un rôle important dans l’économie de cette région.

Des immigrants européens sont venus à Madagascar à partir du 16è siècle. Des Portugais, des Français et des Anglais se sont, au cours du temps, mêlés à la population locale. Le débarquement des Européens a principalement eu lieu sur la côte est et à la pointe sud de Madagascar. La population malgache actuelle s’est par conséquent développée à partir d’un brassage de différents peuples, une culture unique naquit ainsi. Malgré l’existence de 18 peuplades sur la grande île, la culture malgache constitue incontestablement une unité. Le malgache est la seule langue des Malgaches et le culte des ancêtres est pratiqué, avec ses variantes régionales, dans l’ensemble du pays. La particularité du peuple malgache consiste en cette unité dans laquelle existe toutefois de la diversité. C’est également cet aspect culturel qui fait d’un voyage à Madagascar un événement passionnant.

Exhumation

Pour les Malgaches, la notion de terre natale est intimement liée à la tombe familiale ou fasandrazana. La terre natale est là où se trouve la tombe familiale. Cette terre natale se situe souvent à la campagne, à l’écart de la grande ville. On accorde beaucoup d’importance à être enterré dans la tombe familiale. Il n’est pas pire malheur pour les Malgaches que d’être proscrits de la tombe familiale. Ceci peut arriver quand un membre de la famille a transgressé les règles familiales. Les membres de la famille proscrits n’ont pas le privilège d’être régulièrement enveloppés dans de nouveaux draps de soie – le privilège des ancêtres. L’exhumation des morts est un élément central de la « conception du monde » malgache. L’existence tout entière est mise en relation avec les ancêtres. On retrouve dans toute maison le « zorofirarazana » ou le coin des ancêtres. Quand on pose la question de savoir d’où l’on vient, on mentionne toujours avec fierté le village des ancêtres avec leur tombe.

En même temps, on élucide une question plus existentielle : « Où allons-nous ? ». Les Malgaches voient l’éternité dans la tombe des ancêtres et dans les ancêtres. Passé et avenir se rencontrent dans la tombe des ancêtres. La relation avec les ancêtres et le rapport avec la tombe des ancêtres sont considérés comme la chose la plus importante dans la vie. Les Malgaches célèbrent l’exhumation des morts pour glorifier les ancêtres. La fréquence de cette fête dépend de chacune des familles. Si les parents décédés apparaissent en rêve à un membre de la famille et lui disent qu’ils ont froid, ceci doit être compris comme un appel à une exhumation. On demande à l’astrologue de la famille quels sont les meilleurs jours pour pratiquer une exhumation. Celle-ci a souvent lieu à pendant la saison sèche pour des raisons pratiques. La famille entière décide des dépenses et du nombre d’invités à la cérémonie. Quand tous les invités sont rassemblés, on part tous ensemble avec des musiciens du village familial à la tombe familiale. On emmène de nouveaux linceuls et des nattes. En chemin, on chante et on danse. La tombe familiale n’est jamais éloignée du village. Arrivés à la tombe, tous doivent en faire le tour sept fois. Le doyen de la famille prend alors la parole. Il annonce aux ancêtres l’arrivée de toute la famille. On ouvre alors la tombe. On sort les ossements, on les dépose sur les nattes et les enveloppe dans de nouveaux linceuls. À ce moment-là, tous les descendants des ancêtres enterrés dans cette tombe sont invités à faire la « danse avec les ancêtres ». On prend les épouses ou les mères décédées dans les mains et les époux ou pères sur ses épaules. Les ancêtres enveloppés dans de nouveaux linceuls sont ramenés en musique au village familial. Les ancêtres doivent de temps à autres revoir leur ancien village. Selon le temps disponible et les possibilités financières, les ancêtres séjourneront entre un et trois jours au village. Ensuite, ils seront reconduits dans la tombe. Les nattes sur lesquelles les ancêtres reposaient sont très prisées par les femmes sans enfant. Un morceau de l’une de ces nattes déposé sous le lit favorise la fécondité. Après une exhumation, toute la famille retourne chez elle avec le sentiment d’avoir accompli le devoir le plus important envers ses ancêtres. La fête est également l’occasion de rencontrer sa grande famille. On voit alors l’avenir avec confiance, parce qu’on sait que l’on porte en soi la bénédiction des ancêtres.

Ambohimanga

Environ 15 km de la capitale d’Antananarivo se trouve Ambohimanga, la colline la plus sacrée à Antananarivo. En 2001, le Palais d’Ambohimanga a été déclaré site du patrimoine mondial par l’UNESCO. Le Palais d’Andrianampoinimerina a rencontré trois des six critères de l’UNESCO sur la nomination en tant que patrimoine mondial. Tout d’abord, tout le palais est conservé dans son état d’origine, deuxièmement, le palais représente une période cruciale dans l’histoire du pays. Andrianampoinimerina avait une vision pour Madagascar en tant qu’un royaume uni et ce qui a donc conduit à un tournant décisif dans l’histoire du pays. Le troisième critère porte sur le rôle actuel du palais dans la vie culturelle de Madagascar.

 Durant certains jours fixés par les astrologues tels que l’Alakaosibe et Alahamadibe, des rites d’adoration ancestrale se tiennent dans différents endroits du palais. Les Merina, la plus grande population d’Antananarivo, appellent leurs défunts rois « Ny Masina » ou « les Saints ». Parmi eux, Andrianampoinimerina était le leader de l’époque florissante de l’histoire des Merina et est toujours considéré comme le Grand, le Sage. L’ « ariary », la monnaie actuelle est un hommage à son règne et l’ancienne loi précoloniale malgache est également attribuée à ses œuvres. Même à cette époque, Andrianampoinimerina a reconnu l’importance d’une nature intacte. Pendant son règne, il était interdit de couper les arbres des forêts. Il était interdit de ramasser une seule feuille dans la forêt, comme il voyait la forêt comme une réserve de nombreuses plantes médicinales qui assurent la santé de sa population. Sa manière de protéger l’environnement était unique au 18ème siècle. 

 Le pouvoir colonial a utilisé tous les moyens pour démystifier la règle sacrée. Au cours de la période coloniale, des jacarandas non indigènes ont été plantés dans son palais à côté des Aviavy sacrés. Le roi n’a même pas pu faire de son palais sa dernière demeure. Pour des raisons «stratégique» ses os ont été déterrés par le gouverneur colonial Gallieni et amenés à Antananarivo – sacrilège! Andrianampoinimerina signifie en allemand: le roi, qui reste dans les cœurs des Merina. Ceux qui veulent en apprendre davantage sur l’histoire d’Antananarivo, trouveront à Ambohimanga des éléments clés importants. Même aujourd’hui Ambohimanga est le centre spirituel le plus important des Merina. Le palais est la capitale du culte des ancêtres.

Allé en haut